dimanche 15 avril 2012

Du bruit pour l'éducation / Journée du 17 avril




Photo : source La Charente Libre 
         

Journée du 17 avril 2012. COMMUNIQUE de PRESSE.

Depuis des années, des milliers de postes ont été supprimés, nous avons été nombreux à manifester, faire grève, protester, ils n’ont rien voulu entendre … Depuis des années avons-nous perdu le sens d’un juste combat envers et contre une logique comptable aveugle et contradictoire ? En tout cas, quand nous continuons ou recommençons à parler qualité de l’enseignement et luttes contre les inégalités scolaires, ils ne veulent rien entendre.
Depuis des années on nous a enfermés et nous nous sommes sans doute laissés enfermer dans une logique de mise en concurrence des établissements, de spécialisation des « offres éducatives », comme si rien ne devait plus se faire entendre que la logique entrepreneuriale au sein même de l’éducation.
Depuis des années tout semble concourir à diviser les couches de la population entre elles, par ghettoïsation et carte scolaire supprimée, tout semble concourir à diviser et opposer les professeurs contre la société, à diviser les professeurs et les disciplines entre eux, à diviser les établissements entre eux. Tout semble aussi concourir à la désaffection et au désintérêt à l’égard des savoirs, de la démarche critique et de l’éducation. Faut-il se taire et se résigner ? Et lorsque nous renouons avec la solidarité, qui nous entendra ?
Depuis des années, les écoles, les collèges et les lycées publics souffrent d’une politique de réduction drastique des moyens horaires et humains, en contradiction de plus en plus flagrante avec les principes et idéaux du service public d’éducation. Mais ils ne veulent rien entendre de la détresse qui monte des classes surchargées, des programmes infaisables, des injonctions contradictoires, des options et des dédoublements supprimées …

Depuis janvier, le Conseil d’Administration du lycée Marguerite de Valois, à une écrasante majorité, a voté à deux reprises contre la Dotation Horaire prévue pour la rentrée 2012, ils n’ont rien voulu entendre
Durant tous les conseils de classe du 2ème trimestre, un texte de protestation soutenu par les fédérations de parents d’élèves et signé par une centaine de professeurs de l’établissement a été solennellement lu. Ils n’ont rien voulu entendre.
Depuis deux mois maintenant, cette protestation s’est accompagnée d’actions festives et revendicatrices, d’une journée de grève solidaire. Pendant 18 jours, un SOS collectif a flotté aux vents mauvais de la politique éducative. Ils nous ont entendu et ont bien voulu nous recevoir.
Mais, durant l’audience au Rectorat de Poitiers, malgré la volonté des représentants de parents, d’élèves et de professeurs de faire entendre une demande d’une dotation horaire digne de ce nom, malgré leur volonté de faire entendre la valeur de projets d’enseignement de qualité, le Rectorat est resté sourd et n’a su opposer que son profond mépris et le rappel borné à l’austérité budgétaire.

Alors aujourd’hui nous voulons manifester bruyamment notre protestation, nos indignations et notre ras-le-bol. Contre l’éducation étouffée par les murs de la surdité et du mépris, contre l’éducation étouffée par les murs de la division et de la marchandisation, contre l’éducation malmenée par les logiques comptables et la montée des désaffections et de l’insignifiance, nous voulons opposer notre détermination, intacte, notre rire, toujours « innombrable » et notre gravité, née autant de la fatigue, de l’usure que de la colère.
A ceux qui nous disent qu’il est trop tard, nous répondons qu’il n’est jamais trop tard pour secouer ses chaînes et retrouver du sens et de la solidarité dans notre quotidien et notre lieu de travail. A ceux qui nous disent qu’il est trop tôt, nous répondons que la rentrée 2012 se prépare maintenant et que les échéances politiques à venir n’y changeront fondamentalement rien si nous ne sommes pas prêts à continuer à débattre, nous interroger et opposer nos initiatives et nos doutes aux murs de la surdité.
Dans les semaines à venir, si ces murs tiennent encore, après avoir épuisé les précédents recours, nous sommes prêts à passer à des actions moins « sages » ; nous discutons désormais de la possibilité d’une nuit d’occupation (et de « séquestration » …), d’une grève du zèle (et de rétention de notes), de grèves reconductibles, etc. Qu’on ne vienne pas alors nous dire que ce serait « prendre les élèves en otage » ou alors il faut que ceux qui parlent ainsi et utilisent de tels clichés assument le désir d’un autre régime politique, celui dans lequel le droit de grève et d’actions démocratiques serait alors abandonné et considéré comme un crime.

Les enseignants de MDV mobilisés.

Voir aussi : La Charente Libre 
                   Sud Ouest

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