Photo : source La Charente Libre
Journée du 17 avril 2012. COMMUNIQUE de PRESSE.
Depuis
des années, des milliers de postes ont été supprimés, nous avons
été nombreux à manifester, faire grève, protester, ils
n’ont rien voulu entendre …
Depuis des années avons-nous perdu le sens d’un juste combat
envers et contre une logique comptable aveugle et contradictoire ?
En tout cas, quand nous continuons ou recommençons à parler qualité
de l’enseignement et luttes contre les inégalités scolaires, ils
ne veulent rien entendre.
Depuis
des années on nous a enfermés et nous nous sommes sans doute
laissés enfermer dans une logique de mise en concurrence des
établissements, de spécialisation des « offres éducatives »,
comme si rien ne devait plus se faire entendre que la logique
entrepreneuriale au sein même de l’éducation.
Depuis
des années tout semble concourir à diviser les couches de la
population entre elles, par ghettoïsation et carte scolaire
supprimée, tout semble concourir à diviser et opposer les
professeurs contre la société, à diviser les professeurs et les
disciplines entre eux, à diviser les établissements entre eux. Tout
semble aussi concourir à la désaffection et au désintérêt à
l’égard des savoirs, de la démarche critique et de l’éducation.
Faut-il se taire et se résigner ? Et lorsque nous renouons avec
la solidarité, qui nous
entendra ?
Depuis
des années, les écoles, les collèges et les lycées publics
souffrent d’une politique de réduction drastique des moyens
horaires et humains, en contradiction de plus en plus flagrante avec
les principes et idéaux du service public d’éducation. Mais
ils ne veulent rien entendre
de la détresse qui monte des classes surchargées, des programmes
infaisables, des injonctions contradictoires, des options et des
dédoublements supprimées …
Depuis
janvier, le Conseil d’Administration du lycée Marguerite de
Valois, à une écrasante majorité, a voté à deux reprises contre
la Dotation Horaire prévue pour la rentrée 2012,
ils n’ont rien voulu entendre
…
Durant
tous les conseils de classe du 2ème
trimestre, un texte de protestation soutenu par les fédérations de
parents d’élèves et signé par une centaine de professeurs de
l’établissement a été solennellement lu. Ils
n’ont rien voulu entendre.
Depuis
deux mois maintenant, cette protestation s’est accompagnée
d’actions festives et revendicatrices, d’une journée de grève
solidaire. Pendant 18 jours, un SOS collectif a flotté aux vents
mauvais de la politique éducative. Ils
nous ont entendu et ont bien voulu nous recevoir.
Mais,
durant l’audience au Rectorat de Poitiers, malgré la volonté des
représentants de parents, d’élèves et de professeurs de faire
entendre une demande d’une dotation horaire digne de ce nom, malgré
leur volonté de faire entendre la valeur de projets d’enseignement
de qualité, le Rectorat est
resté sourd et n’a su opposer que son profond mépris et le rappel
borné à l’austérité budgétaire.
Alors
aujourd’hui nous voulons manifester bruyamment
notre protestation, nos indignations et notre ras-le-bol. Contre
l’éducation étouffée par les murs de la surdité et du mépris,
contre l’éducation étouffée par les murs de la division et de la
marchandisation, contre l’éducation malmenée par les logiques
comptables et la montée des désaffections et de l’insignifiance,
nous voulons opposer notre détermination, intacte, notre rire,
toujours « innombrable » et notre gravité, née autant
de la fatigue, de l’usure que de la colère.
A
ceux qui nous disent qu’il est trop tard, nous répondons qu’il
n’est jamais trop tard pour
secouer ses chaînes et retrouver du sens et de la solidarité dans
notre quotidien et notre lieu de travail. A ceux qui nous disent
qu’il est trop tôt, nous répondons que la rentrée 2012 se
prépare maintenant et que les échéances politiques à venir n’y
changeront fondamentalement rien si nous ne sommes pas prêts à
continuer à débattre, nous interroger et opposer nos initiatives et
nos doutes aux murs de la surdité.
Dans
les semaines à venir, si ces murs tiennent encore, après
avoir épuisé les précédents recours,
nous sommes prêts à passer à des actions moins « sages » ;
nous discutons
désormais de la possibilité d’une nuit d’occupation (et de
« séquestration » …), d’une grève du zèle (et de
rétention de notes), de grèves reconductibles, etc. Qu’on ne
vienne pas alors nous dire que ce serait « prendre les élèves
en otage » ou alors il faut que ceux qui parlent ainsi et
utilisent de tels clichés assument le désir d’un autre régime
politique, celui dans lequel le droit de grève et d’actions
démocratiques serait alors abandonné et considéré comme un crime.
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